Muhammad Yunus

Prix Nobel de la Paix - Banquier des pauvres et fondateur du microcrédit

Seul PDG au monde à avoir reçu le Prix Nobel de la Paix (2006), Muhammad Yunus est né au Bangladesh en 1940. Troisième enfant d’une famille aisée de deux frères et sœurs, son père est bijoutier et sa mère impliquée dans l’aide aux défavorisés. Membres des scouts, il se rend régulièrement à l’étranger à l’occasion de Jamborees Scouts, et prend goût aux projets collectifs de grande envergure.

Après ses études d’économie, il enseigne cette discipline puis fonde à 21 ans la première usine high-tech d’emballage et d’impression du Pakistan oriental. L’entreprise est florissante, mais il en cède la gestion à ses frères pour partir aux Etats-Unis préparer un doctorat sous la direction de l’économiste roumain Nicholas Georgescu-Roegen, réputé pour ses travaux sur la décroissance soutenable.

De la famine à l’accès au crédit

Devenu directeur du Plan du gouvernement indien, il est frappé par l’ampleur des famines qui touchent son pays. Prenant conscience qu’une partie des difficultés des paysans vient de leur difficulté d’accès aux capitaux – leurs terres sont trop modestes pour constituer une garantie pour les banques – il propose sur ses fonds propres des microcrédits à quelques dizaines d’habitants d’un village voisin de l’université où il enseigne.

Devant le succès de sa démarche, il fonde en 1977 le Grameen program, la «banque des villages».

Aujourd’hui, près de 300 millions de personnes dans le monde bénéficient directement ou indirectement de microcrédits. La banque Grameen a par ailleurs diversifié ses activités (industrie textile, téléphonie, production d'électricité par énergie solaire, etc.).

Les clés de son orientation et de son parcours:

Son ou ses profils selon la typologie de Holland:

«Pourquoi ne pas construire des entreprises ayant pour objectif de payer décemment leurs salariés?»

«Tout le monde espère gagner de l'argent en faisant des affaires. Mais l'homme peut réaliser tellement d'autres choses en faisant des affaires. Pourquoi ne pourrait-on pas se donner des objectifs sociaux, écologiques, humanistes ? C'est ce que nous avons fait. Le problème central du capitalisme “unidimensionnel” est qu'il ne laisse place qu'à une seule manière de faire : rentrer des profits immédiats. Pourquoi n'intègre-t-on pas la dimension sociale dans la théorie économique ? Pourquoi ne pas construire des entreprises ayant pour objectif de payer décemment leurs salariés et d'améliorer la situation sociale plutôt que chercher à ce que dirigeants et actionnaires réalisent des bénéfices?»

Entretien au journal Le Monde, 25 avril 2008.